Depuis notre premier article sur les cabanes de pierre sèche (capitelles), nous recueillons de la documentation sur les pratiques vernaculaires qui s’exerçaient dans notre belle région. Nous avons beaucoup appris, ce ne fut point difficile, car nous ne savions pas grand-chose à la base. C’est vrai, nous l’avouons, toutes ces cabanes en pierre sèche que nous croisions sur notre chemin ne nous intéressaient pas plus que ça. Pourtant derrière ces petites constructions se cache l’histoire passionnante de la vie paysanne du 18ème et 19ème siècle. Nous avons aussi découvert l’ensemble du petit patrimoine, tout aussi passionnant, qui entoure les cabanes : les fours à chaux et à poix, les garennes, les aires de battage et autres aménagements lithiques témoignant de l’exploitation de la Garrigue.
Les communes du Gard ont mobilisé beaucoup d’énergie pour réhabiliter ce « petit patrimoine bati». Grâce à l’initiative des associations, les « parcours de capitelles » font flores, en l’espace de quelques kilomètres, ces parcours présentent un échantillonnage de cabanes toujours dignes d’intérêt.
Les curieux ne s’en lassent pas, chaque cabane a sa propre singularité, d’elle, émane toujours un charme naturel et unique qui procure au visiteur l’envie d’y entrer. Michel Foucault aurait très bien pu les classer dans les hétérotropies, ces lieux qui sont tout autre lieu, l'entrée étroite de la cabane ouvre sur nulle-part, pourtant quand on y entre la réalité extérieure semble être illusion. C'est peut-être la véritable motivation de tous ces passionnés qui restaurent, reconstruisent une cabane, celle d'être les bâtisseurs d'utopie. Quoi qui l'arrive "l'âme" de la cabane appartient pour toujours à celui qui l'a construite. Il suffit d'y entrer pour ressentir cela.
Maintenant, posons-nous quelques questions sur ces capitelles en pierre sèche pour ensuite nous retrouver au domaine d'Escattes à Courbessac (30) pour une visite virtuelle.
Aiguier à Font Aubarne, Courbessac(30) |
Les communes du Gard ont mobilisé beaucoup d’énergie pour réhabiliter ce « petit patrimoine bati». Grâce à l’initiative des associations, les « parcours de capitelles » font flores, en l’espace de quelques kilomètres, ces parcours présentent un échantillonnage de cabanes toujours dignes d’intérêt.
Les curieux ne s’en lassent pas, chaque cabane a sa propre singularité, d’elle, émane toujours un charme naturel et unique qui procure au visiteur l’envie d’y entrer. Michel Foucault aurait très bien pu les classer dans les hétérotropies, ces lieux qui sont tout autre lieu, l'entrée étroite de la cabane ouvre sur nulle-part, pourtant quand on y entre la réalité extérieure semble être illusion. C'est peut-être la véritable motivation de tous ces passionnés qui restaurent, reconstruisent une cabane, celle d'être les bâtisseurs d'utopie. Quoi qui l'arrive "l'âme" de la cabane appartient pour toujours à celui qui l'a construite. Il suffit d'y entrer pour ressentir cela.
Maintenant, posons-nous quelques questions sur ces capitelles en pierre sèche pour ensuite nous retrouver au domaine d'Escattes à Courbessac (30) pour une visite virtuelle.
La première mention de ces cabanes date de la fin du XVIème siècle d'après des textes notariés retrouvés dans les archives départementales du Gard. On y parle d'une "capitelle a pierre essuyte et couverte de lauzes". On retrouve parfois sur la face apparente des pierres des dates gravées, la plus anciennes dans le Gard datant de 1702! Il y a encore quelques temps, certains défendaient l'hypothèse d'une datation plus ancienne remontant même jusqu'à la Préhistoire. Des fouilles archéologiques ont permis de mettre à jour des éléments du XVIIIème siècle comme des pièces ou des boutons mais aucun tesson de poterie ancienne ou autre pour prouver cette théorie. Il est certain que la technique de la construction en pierre sèche existe depuis très longtemps mais cette architecture vernaculaire, ce patrimoine qui nous reste aujourd'hui est beaucoup plus récente.
L'essor de ces constructions débute à la fin de l'Ancien régime jusqu'au XIXème siècle. Cette période coïncide avec le début des grands travaux d'aménagement du territoire et l'essor démographique rural. Le gouvernement royal encourageait le défrichement avec à la clé une exemption d’impôt pendant 15 ans dès la mise en culture du terrain. Beaucoup de terres vacantes furent achetées par des petites gens qui accédèrent ainsi à la propriété.
C'est le début de l'épierrement (action qui consiste à enlever les pierres d'une terre pour la rendre cultivable) de la garrigue de notre région, terre ingrate et rocailleuse. On retrouve encore ces tas de pierres témoins de cette vaste entreprise.
A quoi servaient-elles?
Ces pierres étaient utilisées pour faire des enclos, mettre en place des terrasses avec des murs de soutènement ou des cabanes en pierres sèches.
Les enclos par exemple servaient à délimiter un terrain, à protéger les récoltes des troupeaux ou à garder du bétail.
La mise en terrasse des terrains à flanc de colline par exemple permettaient d'augmenter la surface de culture. Les murs de soutènement en pierre sèche soutenaient le terrain en assurant sa stabilité et permettaient d'éviter que la terre soit emportée au moment des pluies.
On dénombre plusieurs types de capitelles sachant qu'aucune n'avait fonction d'habitat permanent.
Prenez la capitelle 'tine', elle possède une cuve qui servait certainement à entreposer le produit de la récolte ou des vendanges provisoirement. On en trouve seulement autour de Nîmes.
L'essor de ces constructions débute à la fin de l'Ancien régime jusqu'au XIXème siècle. Cette période coïncide avec le début des grands travaux d'aménagement du territoire et l'essor démographique rural. Le gouvernement royal encourageait le défrichement avec à la clé une exemption d’impôt pendant 15 ans dès la mise en culture du terrain. Beaucoup de terres vacantes furent achetées par des petites gens qui accédèrent ainsi à la propriété.
C'est le début de l'épierrement (action qui consiste à enlever les pierres d'une terre pour la rendre cultivable) de la garrigue de notre région, terre ingrate et rocailleuse. On retrouve encore ces tas de pierres témoins de cette vaste entreprise.
Encore aujourd'hui les enclos sont exploités - Pégairolles de l'Escalette (34) |
A quoi servaient-elles?
Ces pierres étaient utilisées pour faire des enclos, mettre en place des terrasses avec des murs de soutènement ou des cabanes en pierres sèches.
Les enclos par exemple servaient à délimiter un terrain, à protéger les récoltes des troupeaux ou à garder du bétail.
La mise en terrasse des terrains à flanc de colline par exemple permettaient d'augmenter la surface de culture. Les murs de soutènement en pierre sèche soutenaient le terrain en assurant sa stabilité et permettaient d'éviter que la terre soit emportée au moment des pluies.
On dénombre plusieurs types de capitelles sachant qu'aucune n'avait fonction d'habitat permanent.
Prenez la capitelle 'tine', elle possède une cuve qui servait certainement à entreposer le produit de la récolte ou des vendanges provisoirement. On en trouve seulement autour de Nîmes.
Aiguier : c'est une capitelle citerne qui recueille l'eau de pluie |
On trouve aussi les apiés avec la présence alvéoles qui accueillaient des ruches, les agachons avec des meurtrières pour la chasse...
Qui les a construites?
Comme nous l'avons vu plus haut, ce sont la plupart du temps, des gens pauvres qui ont construit ce petit patrimoine. Imaginez-vous une famille de paysans sur une terre de garrigue épierrant le terrain, formant par la suite des tas de pierres, des clapas, des enclos, des capitelles... Quel travail de titan!! Tout le monde participait souvent femme et enfants compris. Dans notre région, on parle souvent du 'rachalan' : ouvrier ou bâtisseur des garrigues.
Comme nous l'avons vu plus haut, ce sont la plupart du temps, des gens pauvres qui ont construit ce petit patrimoine. Imaginez-vous une famille de paysans sur une terre de garrigue épierrant le terrain, formant par la suite des tas de pierres, des clapas, des enclos, des capitelles... Quel travail de titan!! Tout le monde participait souvent femme et enfants compris. Dans notre région, on parle souvent du 'rachalan' : ouvrier ou bâtisseur des garrigues.
Au milieu des traditionnels murs en pierre et juste derrière une superbe capitelle, un vigneron préfère le béton. Pégairolles de l'Escalette (34) |
Blessures de pierre
Malgré la petite taille des cabanes, les contraintes sont importantes du à la masse considérable de pierre qui peut aller jusqu'à plus de 100 tonnes. Les racines d'un arbre peuvent aussi provoquer le détachement du parement du mur (déversement).
Malgré la petite taille des cabanes, les contraintes sont importantes du à la masse considérable de pierre qui peut aller jusqu'à plus de 100 tonnes. Les racines d'un arbre peuvent aussi provoquer le détachement du parement du mur (déversement).
Le bris du linteau peut provoquer l'éboulement de la maçonnerie. |
Disjointure à surveiller pour cette même cabane, généralement cela conduit à l’effondrement. |
Garrigue : l'observation du vivant
Sur votre chemin ouvrez l’œil car peut-être comme nous, vous aurez la chance de contempler la "naissance" d'une cigale. Formidable moment de contemplation et pour ma part d’admiration. L’imago, c’est le nom que l’on donne à la « naissance » de la cigale, c’est l’accomplissement d’un devenir. Elle semble nous livrer ce message : « deviens qui tu es ! » (clin d’œil à Annick de Souzenelle)
Imago |
Gomphe joli - Gomphus pulchellus |
Les essences forestières
Vous trouverez arbres, arbustes et plantes qui composent la garrigue : pin d'Alep, chêne vert, chêne kermès, mûrier, nerprun, filaire, buis, myrte, genévrier, euphorbe, géranium, fumeterre, coquelicots, renoncule et la liste est loin d'être exhaustive. Sur le terrain, un guide naturaliste peut être fort utile pour s'entraîner à l'identification.
Euphorbe |
Genévrier cade |
Le Domaine d'Escattes
Nous souhaitons vous faire découvrir trois capitelles du domaine d'Escattes sur la commune de Courbessac. Nous avons réalisé une visite virtuelle qui nous espérons vous donnera des idées de balade, car sûrement, près de chez vous, que ce soit dans le Gard ou dans d’autres départements, des cabanes attendent votre visite.
D'une superficie de 100 hectares, le domaine d'Escattes met à l'honneur le patrimoine bâti de la garrigue et la culture des oliviers. Des espaces pique-nique et un sentier d'environ 5km vous permettront de profiter de ce bel endroit. Vous trouverez le plan ici .
Bonne balade !
Bibliographie
1 Christian Lassure, Dominique Repérant, Cabanes en pierre sèche de France, éditions Edisud 2004
2 Pierre Coste, Pierre Martel, Pierre sèche en Provence, Les Alpes de lumière 89/90
3 Eric Kalmar, Raconte moi la pierre sèche varoise, éditions Lacour 2009
4 Maurice Roustan, Garrigue, pierres sèches, capitelles de Nîmes, 1996
5 Raymond Martin, Bruno Fadat, Les capitelles des garrigues gardoises, éditions de l'équinoxe, 1992
6 Découverte naturaliste des garrigues, Luc Chazel, Muriel Chazel, éditions Quae 2012
Michel Foucault, les Hétérotropies, texte publié et présenté par Daniel Defert, aux éditions lignes, 2009
Annick de Souzenelle, Manifeste pour une mutation intérieure, lettre à Mikhaïl Gorbatchev, éditions le Relié, 2003
2 Pierre Coste, Pierre Martel, Pierre sèche en Provence, Les Alpes de lumière 89/90
3 Eric Kalmar, Raconte moi la pierre sèche varoise, éditions Lacour 2009
4 Maurice Roustan, Garrigue, pierres sèches, capitelles de Nîmes, 1996
5 Raymond Martin, Bruno Fadat, Les capitelles des garrigues gardoises, éditions de l'équinoxe, 1992
6 Découverte naturaliste des garrigues, Luc Chazel, Muriel Chazel, éditions Quae 2012
Michel Foucault, les Hétérotropies, texte publié et présenté par Daniel Defert, aux éditions lignes, 2009
Annick de Souzenelle, Manifeste pour une mutation intérieure, lettre à Mikhaïl Gorbatchev, éditions le Relié, 2003
Référence sur internet :
Domaine d'Escattes : http://www.nimes.fr/index.php?id=1950&id_site=766
Merci de ton passage chez moi, à mon tour de te rendre visite et d'admirer tes très belles photos.
RépondreSupprimerJ''ai la chance d'avoir une maison où je passe mes vacances, en montagne. C'est une vieille maison en pierres de plus de cent ans. Je vis en Italie et ici aussi les vieilles constructions finissent souvent en ruines, dommage car c'est tout un patrimoine qui disparait!
A bientôt.
Dommage pour l'état des vieilles constructions. Nous avions aussi constaté ça lors d'un voyage en Italie. à bientôt
Supprimertrès beau voyage virtuel
RépondreSupprimerriche en découverte
je te félicite pour ce concept
belle soirée
ti bo Laetitia
C'est tout un art de les monter..... Bonne journée
RépondreSupprimerMerci patriarch, existe-t-il un timbre avec une capitelle ou la garrigue ?
SupprimerMerci pour cette découverte inter-active qui si l'on n'y prend pas garde peut donner le tournis, merci pour les informations toujours pertinentes.
RépondreSupprimerA pluche.
Merci gaston pour le retour. C'est vrai, il faut maîtriser la souris ;-)
SupprimerUn jeu de patience ces constructions!
RépondreSupprimerOui, généralement les constructions avaient lieu l'hiver, une saison creuse pour les travaux de la terre. à bientôt agnès
SupprimerUne jolie façon d'enrichir notre culture et avec ces textes accompagnés de photos, on comprend mieux pourquoi les hommes bâtissaient certains monuments , certaines cabanes dans certains lieux bien précis...
RépondreSupprimerDans la garrigue, on dit que la pierre pousse après la pluie. Reste le travail titanesque de construction. à bientôt Christelle
SupprimerMerci , pour cette belle balade riche en patrimoine .....
RépondreSupprimerBisous du lundi et à bientôt .
Maman mule
Un article magnifique! J'ai souvent essayé d'imaginer ce à quoi pouvaient ressembler des paysages de garrigues à l'époque où ces terrasses, la plupart aujourd'hui abandonnées à la friche, abritaient des cultures variées. Les pentes raides de la moyenne vallée de l'Hérault, entre Ganges et Aniane, aujourd'hui désertes, offrent au randonneur (courageux) des centaines de terrasses, chemins en lacets avec impressionnants murs de soutènements, etc...
RépondreSupprimerLes Capitelles, je les connais bien dans le Fenouillèdes, où elles disputent les derniers vignobles de pente à des constructions plus récentes, mi-pierre et mi-béton, avec toujours une petite citerne pour recueillir les eaux de pluie de la toiture.
Sur le bord Sud du plateau du Larzac, près du Col du Vent, subsistent dans une zone aujourd'hui boisée, d'anciennes bergeries construites en pierres sèches, qui se dégradent peu à peu...
Bravo pour cet article très bien référencé !
RépondreSupprimerJe me suis souvenu en le lisant de la sensation indescriptible qu'on ressent lorsqu'on pénètre dans une cabane en pierre sèche.
Merci.
Quel travail !!! on ne peut qu'admirer !
RépondreSupprimerBonne fin d'après-midi !
j'aime bien comment sont mises les pierres
RépondreSupprimerElles sont incroyables ces cabanes en pierres !
RépondreSupprimerBonne journée en ce lundi,
Bisous, Doria
Je vais me faire plaisir à voir vos photos d'une région que je ne connais pas du tout non plus.
RépondreSupprimerEchange de bons procédés, si je puis dire.
Je m'inscris ...et belle fin de journée
@nnie
Je ne connais pas non plus votre région, je m'inscris...merci pour le com sur mon blog.
RépondreSupprimer@nnie
Bonjour :) J'ai découvert les capitelles en parcourant votre belle région. Bravo pour votre article passionnant !
RépondreSupprimerTrès interressant cet article
RépondreSupprimerJ'ai aussi bien aimé la naissance de la cigale
Bonne journée !
Flâneur